Escapade en Grèce; Eros antique et Tsarouchis
Un petit saut à Athènes vous permettra de voir deux belles expositions temporaires.
- au musée cycladique : Eros
Plus de 270 objets
antiques grecs et romains, des statues, vases céramiques, bijoux, bas-reliefs
ou sceaux sur le thème d'Eros, dieu grec de l'amour, seront exposés pour quatre
mois au musée d'Art cycladique d'Athènes.
Datant du 6e siècle avant
notre ère et allant jusqu'au 4e siècle de notre ère, ces objets provenant de 50
musées surtout grecs mais aussi du Louvre, du Capitole de Rome ou de Chypre
«visent à représenter le dieu grec sous toutes ses formes», a expliqué mercredi
le directeur du musée, le professeur Nicos Stabolides, lors d'une conférence de
presse.
Au centre de l'exposition,
la célèbre statue en marbre d'Eros bandant son arc, prêtée par le musée de
Louvre (Ier ou IIe siècle de notre ère), une copie romaine de l'oeuvre de
Lysippe, sculpteur antique grec, et Il bacio (Le baiser), représentant le dieu
de l'amour embrassant la Psychée, une sculpture en marbre prêtée par le musée
du Capitole.
Parmi les statuettes en
marbre, en terre cuite ou en bronze, figurent une statuette en bronze d'Eros
sanglotant et portant des chaînes autour de ses poignets (musée de Chypre), des
vases antiques en céramique avec des représentations d'Eros et de la déesse de
la déesse de l'amour Aphrodite ainsi que des bas-reliefs comme celui
représentant Léda et Zeus, qui s'était transformé en cygne pour la séduire,
selon le mythe antique (Musée national grec).
L'exposition est divisée
en neuf unités, se référant aux «neuf Muses antiques afin de «n'omettre aucune
expression ou notion de l'Amour durant les douze siècles couverts par ces
objets, de la Théogonie du poète grec Hésiode (VIe siècle avant notre ère)
jusqu'à l'avènement du christianisme», a expliqué M. Stabolides.
Évoquant «l'énorme
difficulté» de représenter l'Amour sous toutes ses formes iconographiques, les
organisateurs se sont félicités d'avoir pu monter cette exposition «dans une
conjoncture économique dure», rappelant que seules deux expositions sur ce
thème avaient eu lieu par le passé, à Rome en 2007 avec 60 oeuvres et au Louvre
en 1989.
L'exposition au musée d'Art cycladique, situé dans le centre d'Athènes, doit durer jusqu'au 5 avril.
-au musée Benaki (rue du Pirée 138)
YANNIS TSAROUCHIS : PREMIERE GRANDE EXPOSITION RETROSPECTIVE, présentée au MUSEE BENAKI d'Athènes jusqu’au 14 mars 2010
Cette première grande
exposition du grand peintre, un diptyque comportant peinture et théâtre,
présentera 670 œuvres dont 420 sont des tableaux.
L’exposition est complétée
par un grand nombre de maquettes de scénographie, fruit de ses collaborations
pour des représentations surtout de drame antique avec Karolos Koun, Manos
Chadjidakis pour la musique et Zouzou Nikoloudi, Dora Stratou ou Rallou Manou
pour la chorégraphie. L’exposition couvrira 1800 mètres carrés c. à. d les deux
étages du Musée.
Le nom de Yannis
Tsarouchis a traversé le 20ème siècle laissant derrière lui les traces
reconnaissables d’une grécité pensante, filtrée à travers un cosmopolitisme
naturel.
La critique d’art Eirini
Florou écrit : « Le sens double de cosmopolitisme et de tradition caractérise
toute l’œuvre du peintre, composée finement par des éléments grecs et
européens, traditionnels et modernes, tissés autour d’une humanité populaire
surtout masculine qui traverse le paysage pictural et le temps historique à
travers différents modes de représentation…Alors qu’il admire et veut peindre
G. Courbet et T. Géricault -les grands du 19ème siècle, comme il les qualifie-
se soumettant aux appels de l’ époque le moderne à travers la tradition, il se
tourne vers Matisse vu à travers l’art de Karagheuz. Et cela parce que Matisse
et Karagheuz ont des racines communes d’Orient, surtout perses, la ligne
arabesque qui entoure des figures aux couleurs claires et lumineuses, la
présentation à trois dimensions et l’absence de volume ».
Lui même disait : « Mes
recherches fondamentales, malgré les mille différences qu’elles présentent
entre elles, sont deux. L’une est néoclassique et a assimilé l’idéal classique
comme l’ont exprimé par la suite et pour toute l’humanité la Renaissance et le
Baroque. L’autre consiste à contester cet idéal, aidée par d’autres
réfractaires de notre époque mais aussi par d’anciens prototypes grecs qui sont
les preuves et la source de ces divergences… ».
Ainsi, ce qui pour un autre artiste pourrait être source de confusion ou de désorientation, constitue pour Tsarouchis sa force et sa maturité. Son cosmopolitisme intrinsèque va de pair avec une conception très personnelle de la grécité, mariant la tradition à la modernité et le réalisme à l’idéalisme.